I. Introduction▲
Lancé en 2003 par James Strachan et Bob McWhirter, le projet Open Source Groovy est un langage de script dont les caractéristiques principales sont :
- un langage orienté objet pour la JVM Java qui s'inspire entre autres de Python, Java, Ruby et Smalltalk ;
- un langage dynamique et agile (ex. : typage dynamique, codage facilité par le point-virgule facultatif en fin de ligne) ;
- une syntaxe proche de Java ;
- le bytecode qui est généré directement ;
- la réutilisation des librairies Java.
Groovy est aujourd'hui géré au sein du JCP dans la JSR 241, ce projet étant dirigé par le français Guillaume Laforge.
Alors Groovy, me direz-vous, pour quelles utilisations ? Eh bien elles sont nombreuses :
- le prototypage (ou développement rapide) ;
- les fonctionnalités « clefs en main » de Groovy pour manipuler du XML, des collections, etc. ;
- les tests ;
- les applications financières ;
- etc.
Voilà, maintenant le décor est planté, c'est parti pour un voyage découverte de Groovy…
II. Installation▲
La page de téléchargement http://groovy.codehaus.org/Download propose divers liens pour obtenir Groovy.
Les exemples de cet article utilisent la dernière version groovy-x.x-jsr-xx.zip de Groovy disponible à l'adresse suivante http://dist.codehaus.org/groovy/distributions.
Il faut extraire l'archive groovy-x.x-jsr-xx.zip dans le répertoire de votre choix et créer une variable d'environnement GROOVY_HOME avec pour valeur ce répertoire (ex:GROOVY_HOME=c:/groovy-x.x-jsr-xx).
Ajouter ensuite %GROOVY_HOME%/bin au PATH.
Et enfin, ouvrir une console de commande et exécuter la commande groovyConsole.bat, la console de Groovy doit apparaître comme ceci :
III. Premiers pas, premiers scripts▲
Une fois la console ouverte, dans la partie haute, taper l'instruction suivante puis la combinaison CTRL + R pour l’exécuter :
println "Bonjour le monde !"
Vous observez alors la sortie suivante dans la partie basse de la console :
groovy>
println "Bonjour le monde !"
Bonjour le monde !
Voilà pour notre premier script, vous pouvez également demander l'évaluation d'un calcul, dans la partie haute, taper :
12
*
12
+
6
Et vous obtiendrez (après avoir utilisé la combinaison CTRL + R, mais ça, je ne le dirai plus) :
groovy>
12
*
12
+
6
Result
:
150
III-A. Les variables▲
Exécutons maintenant ce script :
age =
77
phrase =
"Le capitaine a "
+
age +
" ans"
println phrase
Le résultat est le suivant :
groovy>
age =
77
groovy>
phrase =
"Le capitaine a "
+
age +
" ans"
groovy>
println phrase
Le capitaine a 77
ans
Nous avons donc créé une variable age, puis une variable phrase et affiché une concaténation de ces deux variables.
Vous remarquerez qu'aucun type n'a été fixé pour ces variables, c'est une des fonctionnalités de Groovy : le typage dynamique.
On type en général les variables par def si on désire un typage dynamique (vérification à l'exécution comme en smalltalk), si on omet le mot clef def il est utilisé par défaut :
def film =
"Mon nom est personne"
def nbvision =
7
println "J'ai vu $nbvision fois le film $film"
Donnera en sortie de console :
groovy>
def film =
"Mon nom est personne"
groovy>
def nbvision =
7
groovy>
println "J'ai vu $nbvision fois le film $film"
J'ai vu 7 fois le film Mon nom est personne
Mais on peut également typer les variables (comme en Java) si on désire un typage fort :
String film =
"Mon nom est personne"
int
nbvision =
7
println "J'ai vu $nbvision fois le film $film"
Donnera en sortie de console :
groovy>
String film =
"Mon nom est personne"
groovy>
int
nbvision =
7
groovy>
println "J'ai vu $nbvision fois le film $film"
J'ai vu 7 fois le film Mon nom est personne
III-B. Les listes et les maps▲
Dans Groovy, les listes sont le pendant des interfaces java.util.List en Java.
Une liste se déclare comme ceci :
liste =
['banane'
,'poire'
,'pomme'
,'banane'
]
On peut par exemple utiliser la taille de la liste, accéder à un élément particulier, ce qui donne en sortie de console :
groovy>
liste =
['banane'
,'poire'
,'pomme'
,'banane'
]
groovy>
println liste.size
(
)
groovy>
println liste[2
]
4
pomme
Les maps sont des listes d'éléments associés à une clef. On peut alors accéder à un élément particulier, non pas par son index, mais par sa clef associée.
Une map se déclare comme ceci :
departement =
[ "Ain"
:01
, "Vosges"
:"88"
, "Rhône Alpes"
:69
]
Et comme pour les listes, des méthodes pour travailler avec les maps :
groovy>
departement =
[ "Ain"
:01
, "Vosges"
:"88"
, "Rhône Alpes"
:69
]
groovy>
println departement.Vosges
groovy>
println departement["Rhône Alpes"
]
88
69
Vous remarquerez encore une fois que le type des valeurs de la map est hétérogène, et Groovy se débrouille très bien avec.
Pour modifier une valeur de la map :
groovy>
departement =
[ "Ain"
:01
, "Vosges"
:"88"
, "Rhône Alpes"
:69
]
groovy>
departement["Vosges"
] =
666
groovy>
println departement["Vosges"
]
666
Pour parcourir une liste, c'est extrêmement simpliste, en reprenant l'exemple de nos fruits :
liste =
['banane'
,'poire'
,'pomme'
,'banane'
]
liste.each {
println it
}
nous obtiendrons en sortie de console :
groovy>
liste =
['banane'
,'poire'
,'pomme'
,'banane'
]
groovy>
liste.each {
groovy>
println it
groovy>
}
banane
poire
pomme
banane
Enfin pour créer des listes vides et ensuite y ajouter des éléments :
mamap =
[:]
maliste =
[]
mamap.put
(
"TOTO"
,44
)
maliste.add
(
"TITI"
)
println mamap["TOTO"
]
println maliste[0
]
Une autre variante pour peupler les listes et les maps :
mamap =
[:]
maliste =
[]
mamap["TOTO"
]=
44
maliste <<
"TITI"
maliste +
"TOTO"
III-C. Les tests conditionnels▲
Comme dans beaucoup de langages, Groovy permet de contrôler le flux d'un programme :
variable1 =
"Homme"
variable2 =
12
if
(
variable1 ==
"Homme"
&&
variable2 >
6
)
println "Hello, tu es rentré dans le test!"
ce qui donnera en sortie de console :
groovy>
variable1 =
"Homme"
groovy>
variable2 =
12
groovy>
if
(
variable1 ==
"Homme"
&&
variable2 >
6
)
groovy>
println "Hello, tu es rentré dans le test!"
Hello, tu es rentré dans le test!
On retrouvera également les opérateurs habituels pour combiner des tests booléens :
- == : égalité
- != : différence
Finalement, c'est très proche de Java, mais vous étiez prévenus en introduction.
III-D. Les closures▲
Groovy est capable d'interpréter du code contenu entre les caractères { et }, d'en faire le corps d'une méthode et ceci sans avoir à créer une classe : c'est une fonctionnalité appelée closure.
La syntaxe d'une closure est la suivante :
{ [closureArguments->] statements }
Aussi, en utilisant le code suivant :
helloWorld =
{
String nom, String profession ->
println "Hello $nom, laisse-moi regarder ma boule de cristal...tu es $profession"
}
helloWorld
(
"eric"
,"informaticien"
)
on obtiendra en sortie de console :
groovy>
helloWorld =
{
String nom, String profession ->
println "Hello $nom, laisse-moi regarder ma boule de cristal...tu es $profession"
}
groovy>
helloWorld
(
"eric"
,"informaticien"
)
Hello eric, laisse-
moi regarder ma boule de cristal...tu es informaticien
Les possibilités des closures sont très étendues et mériteraient à elles seules un article, mais puisque vous le demandez si fort, voici quelques exemples en plus à essayer :
affiche =
{
value ->
println
(
value);}
affiche
(
['a'
,'b'
,'c'
])
def c =
{
arg1, arg2->
println "${arg1} ${arg2}"
}
def d =
c.curry
(
"Ici"
)
d
(
"Zebra 3"
)
trouvepetit =
{
liste->
liste.findAll {
it.size
(
) <=
4
}
.each {
println it }
}
trouvepetit
(
["Eric"
, "Jean-Claude"
, "Paul-Edouard"
,"Luc"
])
IV. Les expressions régulières▲
Groovy supporte nativement les expressions régulières en utilisant l'expression ~"...", un objet Java Pattern est alors compilé.
Quelques exemples d'utilisation :
assert
"Introduction au langage Groovy"
=~
"langage"
def phrase =
(
"Introduction au langage Groovy"
=~
/
Introduction au/
).replaceFirst
(
"Tutoriel sur le"
)
println phrase
def liste =
"tokenUN TEXTE A TROUVERtoken"
=~
/
token
(
.*)token/
println liste[0
][1
]
Pour en savoir plus sur la syntaxe des expressions régulières, voir ici.
V. Le SQL avec Groovy▲
Pas de limites, Groovy est capable d'interagir avec votre SGBD via un pilote JDBC grâce à son module GSQL.
L'exemple suivant fonctionnera si une base MySql est installée localement, avec un compte dont les identifiants sont ROOT/ROOT (pour login/password).
Vous devrez également copier un pilote JDBC dans le répertoire lib de l'installation de Groovy (on trouve ce genre de pilotes dans toutes les bonnes crèmeries, mais aussi sur la page suivante Download Connector/J 5.0).
Un petit exemple ? Créons une table dans notre base de données :
import
groovy.sql.Sql
def sql =
Sql.newInstance
(
"jdbc:mysql://localhost:3306/test"
, "root"
,
"root"
, "com.mysql.jdbc.Driver"
)
sql.execute
(
"create table DEPARTEMENT (CODE CHAR(3), LIBELLE VARCHAR(100))"
)
On va maintenant peupler cette table DEPARTEMENT :
import
groovy.sql.Sql
def sql =
Sql.newInstance
(
"jdbc:mysql://localhost:3306/test"
, "root"
,
"root"
, "com.mysql.jdbc.Driver"
)
sql.execute
(
"insert into DEPARTEMENT values ('88','Vosges')"
)
sql.execute
(
"insert into DEPARTEMENT values ('69','Rhone Alpes')"
)
et enfin, parcourir les données qu'elle contient :
import
groovy.sql.Sql
def sql =
Sql.newInstance
(
"jdbc:mysql://localhost:3306/test"
, "root"
,
"root"
, "com.mysql.jdbc.Driver"
)
sql.eachRow
(
"select * from DEPARTEMENT"
) {
println "Département = ${it.LIBELLE}"
}
Le dernier script donnera alors en sortie de console :
groovy>
import
groovy.sql.Sql
groovy>
def sql =
Sql.newInstance
(
"jdbc:mysql://localhost:3306/test"
, "root"
,
groovy>
"root"
, "com.mysql.jdbc.Driver"
)
groovy>
sql.eachRow
(
"select * from DEPARTEMENT"
) {
groovy>
println "Département = ${it.LIBELLE}"
groovy>
}
Département =
Vosges
Département =
Rhone Alpes
VI. Intégrer Groovy dans du code Java▲
Avec Groovy, un script peut être utilisé via un code Java qui pourra interagir avec ce script.
Un petit scénario : vous avez une application qui calcule une rentabilité, ce calcul est inconnu des personnes qui devraient le spécifier pour le moment, et ce que vous savez c'est qu'il sera amené à être modifié par la suite (ça vous est forcément arrivé un jour ce scénario ?).
Dans ce cas-là, Groovy va grandement vous aider à réaliser ce système de fonctionnement.
Un peu de pratique, nous avons ce script Groovy tout simple enregistré dans un fichier :
println
(
'Hello World : '
+
argument)
return
"Valeur de retour"
Et la classe suivante qui chargera le script, lui passera un paramètre et récupérera sa valeur de retour :
import
groovy.lang.Binding;
import
groovy.lang.GroovyShell;
import
groovy.lang.Script;
import
java.io.File;
import
java.io.IOException;
import
org.codehaus.groovy.control.CompilationFailedException;
public
class
MaClasseGroovy {
public
static
void
main
(
String[] args) {
GroovyShell shell =
new
GroovyShell
(
);
Script script;
try
{
// Chargement du script groovy
script =
shell.parse
(
new
File
(
"scripts/exemple1.gy"
));
Binding binding =
new
Binding
(
);
// Création d'un paramètre
binding.setVariable
(
"argument"
, "Saint Nicolas"
);
script.setBinding
(
binding);
// Exécution du script
Object retour =
script.run
(
);
// Affichage de la valeur de retour du script
System.out.println
(
retour);
}
catch
(
CompilationFailedException e) {
e.printStackTrace
(
);
}
catch
(
IOException e) {
e.printStackTrace
(
);
}
}
}
En exécutant cette classe Java, la console affichera :
Hello World : Saint Nicolas
Valeur de retour
Magnifique, non ?
Les sources de cet exemple sont disponibles ici sous la forme d'un projet pour Eclipse.
VII. Quelques différences avec Java▲
Les aficionados de Java remarqueront vite quelques différences entre la syntaxe utilisée par Groovy et leurs habitudes :
- le point virgule est optionnel en fin de ligne ;
- le typage des variables peut être dynamique ou statique (nous l'avons vu dans certains exemples précédents). Pour rappel, là où en Java nous aurions String maChaine = "Mon texte", Groovy permet maChaine = "Mon texte" ;
- le contenu d'un tableau en Groovy se déclare avec des crochets (ex: int[] tab = [1,2,3]) et en Java avec des accolades (ex: int[] tab = {1,2,3}) ;
- une boucle for en Groovy s'écrit for (i in 0..len-1) ;
- les classes internes ne sont pas encore supportées en Groovy, les closures s'y substituent.
De nombreuses différences existent encore, je vous invite à consulter la page suivante pour en savoir plus : Differences from Java
VIII. Conclusion▲
Voilà, une petite présentation de Groovy qui peut-être trouvera son utilité dans un de vos projets.
Vous vous apercevrez vite que les possibilités de Groovy sont très étendues, pour exemple les fonctionnalités suivantes :
- les expressions régulières ;
- la gestion des langages de balises avec GroovyMarkup ;
- le requêtage XML avec Gpath ;
- les servlets avec Groovlets ;
- Grails Object Relational Mapping (GORM) : un module de persistance ;
- GSP pour GroovyServer Pages : similaire aux pages JSP ;
- Etc.(pour toutes celles que vous trouverez sur le site officiel de Groovy).
Vous comprendrez rapidement combien Groovy mérite que l'on s'y intéresse, ce n'est pas pour rien qu'il est discuté au JCP dans une JSR 241: The Groovy Programming Language
IX. Liens▲
Les sources de l'exemple Java sont disponibles ici sous la forme d'un projet pour Eclipse.
http://groovy.codehaus.org : Le site officiel de Groovy
JSR 241: The Groovy Programming Language
Vous avez une IDE Java de prédilection ? vous trouverez sûrement son plugin Groovy ici : IDE Support
X. Remerciements▲
Un grand merci à Guillaume Laforge, Denis Cabasson, Christophe Jollivet, Xavier Mehaut et Yann Marec pour la relecture de cet article et leurs bons conseils.